mercredi 19 juin 2013

La vie est un éternel recommencement...

Pour pouvoir avancer, marcher, courir, il faut accepter d'être en déséquilibre. C'est d'une évidence déconcertante. Mais cela sous entend qu'être en équilibre revient à stagner.
A 38 ans, avec une compagne et 4 enfants, je me remet en marche après 3 années à avoir cherché l'équilibre dans un projet d'éco-hameau.
C'est l'histoire d'un autre départ annoncé, différent du précédent, douloureux par certains aspects, et libérateur par d'autres.
2 juin 2013, j'ai 38 ans, et j'acte mon choix de quitter le collectif auquel je me suis joins il y a quasi 3 ans.
Pour en arriver là, il aura fallu des mois de galères, de tensions, de colères.
Il aura fallu aussi une décision d'exclusion à notre encontre, ou du moins une demande du collectif pour que nous quittions les lieux, ce qui revient quasi au même.
Il n'est pas évident de voir le positif, de prendre sa part de responsabilité dans un tel épisode sans chercher à tout mettre sur le dos des autres.
Peut être que d'écrire cette partie de ma vie me permettra de voir certaines choses, d'en comprendre d'autres.
Ce que je sais aujourd'hui, avec ce début de recul, c'est que c'était inévitable comme conclusion.
Lorsque dans un groupe une personne commence a avoir un regard critique, qu'elle ose dire les choses qui ne vont pas en tirant le signal d'alarme, et qu'elle se met limite en marge du groupe, c'est que ça commence à sentir le sapin cramé. Le problème est que ces autres personnes ne sont pas forcément à même d'entendre le signal d'alarme, soit par choix de rester dans une zone confortable, soit par aveuglement total tellement elles ont le nez dedans. Du coup, la personne critique peut décider de rentrer dans le moule (incident clos), ou elle peut aussi décider de quitter le navire. Le troisième choix est de rester à bord, et de conserver ce rôle de vigie. C'est le choix que j'ai fait avec ma compagne, le choix de rester à bord et de tirer le signal d'alarme encore et encore jusqu'à épuisement. Ce choix "suicidaire" a été dicté par la croyance que nous avions dans les valeurs véhiculées théoriquement par ce projet.

Mais pour comprendre tout cela, il convient de partir du commencement et de présenter les parties concernées.
D'un côté, nous avons une famille dont le projet d'habitat groupé a commencé à mûrir 14 ans en arrière. Avec des pauses, des investigations, des discussions, la réflexion était là : vivre à plusieurs, c'est quand même plus fun et enrichissant que de vivre chacun chez soit.
Durant 14 ans, nous avons grandi, appris tout un tas de truc plus ou moins utile. Nous avons enrichi notre réflexion à travers des lectures, à travers la mise en pratique de concepts pas forcément logique. Sur toutes ces pistes de réflexion, 4 nous semblaient incontournables. Peu importe l'ordre, cela donnait en substance ceci :
- la communication non violente...ou comment être honnête tout en restant bienveillant, sans jugement...
- la prise de décision avec le consentement de tous. Exit la notion de majorité. Chaque décision se prend avec l'aval de tous, ce qui permet de déjouer la logique mathématique et de dire que 1+1=3 grâce à "l'intelligence collective".
- la place des enfants, et de façon plus large, de chaque individu dans la société, quelque soit son âge, son état de santé physique ou mentale. Chacun a sa juste place, et les interactions sont possibles entre tous, même pour "travailler".
- la décroissance et le rapport à la société de consommation...tout en cultivant le bien être quand même.
 L'idée était de vivre à plusieurs, avec du trans-générationel,  à la campagne de préférence, et de viser l'autonomie alimentaire et énergétique, sans pour autant entrer en autarcie et vivre dans une secte. Exercice somme toute périlleux et plus dur qu'il n'y parait.

De l'autre côté, un collectif qui véhiculait justement ces idées là...du côté de la région Rhône-Alpes. Un collectif en cours de création, qui était à la recherche de nouvelles familles pour poursuivre l'aventure et sauter le pas afin de dépasser le cadre théorique.
Ce collectif a bougé, avec des arrivées, et des départs. Il a aussi bougé en choisissant de migrer en haute Garonne.
L'idée de base, en plus des valeurs véhiculées, était de constituer un éco hameau d'environ une vingtaine de foyers, où chacun conserverait son chez soit et ses finances, et avec aussi une mutualisation des espaces communes. Concrètement, des espaces de loisirs communs, une buanderie commune, des salles de détentes communes, et aussi des espaces professionnels mutualisables.
Les outils de "travail" étaient la CNV (communication non violente) et la Sociocratie (prise de décision en cercle au zéro objection).

Voilà, le résultat ne pouvait qu'être un mariage d'amour après s'être rencontrés.

(la suite un peu plus tard)